Résilience et prière

D’une certaine manière, lorsque je fais face à ce qui m’appartient et que je me vide de tout ce qui m’agite, je deviens clair comme un lac après une tempête. C’est alors que je peux voir le fond de ce qui est moi, pour constater que je partage ce fond avec tous les autres êtres.

Lorsque j’affronte mon chagrin d’amour et que j’en atteins le fond, il y a le fond de tous les chagrins d’amour qui est à la fois réconfortant et rénovateur.

Lorsque nous pouvons être totalement authentiques, la résilience est le flux de force qui nous vient de tout ce qui n’est pas nous. Parce qu’en étant nous-mêmes jusqu’au fond de notre personnalité, nous plongeons dans le puits de toute personnalité.

En donnant toute notre attention à ce qui se présente à nous, nous plongeons dans le puits de tout amour. En plongeant dans les profondeurs de notre âme, nous nageons aussi dans les profondeurs de tout l’être.

Une fois ouvert, le fait d’invoquer et de mobiliser ce qui sommeille en nous pour faire face à la situation à laquelle nous sommes confrontés renforce notre force d’âme.

La récompense la plus profonde pour avoir habité notre pleine humanité est que la force de vie universelle nous inonde de capacités vivifiées.

Tout comme il faut brancher une lampe pour avoir accès à l’électricité, notre présence et notre pleine humanité sont nécessaires pour nous « brancher » sur la force de vie universelle qui circule à travers toutes les choses.

Lorsque nous ne retenons rien et que nous sommes vrais, nous sommes soulevés par les forces de guérison de la vie et illuminés. C’est ainsi que la résilience nous remplit de la force de tout ce qui n’est pas nous, lorsque nous pouvons être pleinement ce que nous sommes.

Que nous le voulions ou non, nous sommes mis au défi de coopérer avec les forces de la vie qui nous façonnent. L’un des moyens d’y parvenir est de parler avec notre cœur. Parler avec son cœur nous rend suffisamment forts pour supporter l’érosion de la souffrance.

Parler avec le cœur nous rend forts en nettoyant l’entrée que nous appelons l’âme de l’expérience non traitée.

Cette plénitude de l’être et cette congruence des relations entre nous et les autres formes de vie nous ouvrent à une forme de résilience plus profonde et plus durable, grâce à laquelle le cœur de notre être s’ouvre au cœur de tout être, nous rendant pour l’instant plus forts que nous ne le sommes.

L’autre façon de coopérer avec les forces de la vie est d’écouter avec notre cœur. Le fait de rester tranquille et d’écouter, au-delà de toute urgence et de toute intention, nous ouvre à la véritable nature de la prière.

Lorsque nous sommes dans le pétrin, nous prions souvent, comme nous le ferions pour un plan, en cherchant désespérément un moyen de nous en sortir.

Lorsque nous sommes submergés par la peur, la prière peut ressembler davantage à une demande à quelqu’un, à quelque chose ou à une force de nous secourir.

Mais le sens profond de la prière a toujours été de nous calmer suffisamment pour écouter et recevoir, de ne rien demander.

Lorsque nous pouvons nous débarrasser de nos projets et de nos demandes, lorsque nous pouvons laisser la peur s’installer et nous ouvrir sans intention, cette bravoure tranquille nous permet d’être renouvelés par les forces de la plénitude.

De même qu’un bras de mer, lorsqu’il est dégagé, canalise la grande masse d’eau en ruisseaux qui peuvent irriguer les champs, c’est ainsi que la vraie prière accueille la vie pour qu’elle nous soutienne.

Parler avec le cœur et écouter avec le cœur permettent à l’âme de respirer. C’est ce rythme qui nous évite de nous engourdir. C’est ce rythme du cœur qui rend la douleur et le chagrin supportables.

C’est ce rythme, que personne d’autre que vous ne peut animer, qui nous permet de supporter la pression de la vie par laquelle l’expérience est comprimée en ces joyaux que nous appelons la sagesse et la joie.

Alors, quelle est votre histoire et votre expérience de la parole du cœur et de l’écoute du cœur ? Comment ces façons profondes d’être et de sentir s’influencent-elles mutuellement ? Comment pouvez-vous approfondir votre pratique de chacune d’entre elles ?

Ce travail mérite que vous vous y engagiez. Il vous aidera à survivre et à prospérer. Car écouter avec son cœur permet d’approfondir ses racines et parler avec son cœur permet d’ouvrir de nouvelles voies.

Des questions pour marcher

Dans votre journal, décrivez une situation qui vous appelle à parler avec votre cœur. Entraînez-vous à le faire dans le cadre de cette réflexion. Remarquez et détaillez comment le fait de parler avec votre cœur, même en pratique, vous affecte.

Lors d’une conversation avec un ami ou un proche, décrivez un moment où vous avez écouté profondément avec votre cœur. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous arrêter et à vous ouvrir aussi profondément ? Quel effet l’écoute du cœur a-t-elle eu sur vous ? Décrivez une situation qui vous appelle à écouter profondément en ce moment. Qu’est-ce qui vous empêche d’écouter de cette manière ?

Mark Nepo

A propos de Giuseppe 17278 Articles
L'amour comme but ultime !